Dans le cadre de la quinzaine de mars contre le racisme, nous avons suivi un atelier sur le thème « Les migrations » avec une classe de 4 du collège Jean-Moulin de Poitiers.
Est-ce que tous les migrants ont le choix de quitter leur pays? A cette question, Jérémy et Elodie ont tout d’abord demandé aux 21 collégiens de la 4 F de se lever. Ensuite, les deux animateurs de la maison de quartier de Saint-Eloi ont invité les jeunes à se positionner. D’un côté de la salle, ceux qui répondent oui. De l’autre, ceux qui répondent non. Et le débat commence.
« Je ne pensais pas que c’était aussi grave »
« Ils n’ont pas le choix vu que c’est la guerre dans leur pays. Ils ne peuvent plus rester » lance en premier Jocelyn. Dans le groupe d’en face, Braïsson fait remarquer que « lorsque les gens sont attachés à leur pays, ils restent! ». S’en suit un ping-pong verbal. « Si on doit survivre, il faut partir » argumente Cheïma. « Des gens quittent leur pays pour que leurs enfants aillent à l’école… comme l’a fait ma mère » souligne Angela. Afin d’étayer le débat, les animateurs projettent des extraits de « 7 milliards d’autres » de Yann Arthus-Bertrand. Des interviews d’hommes et des femmes qui ont fui la pauvreté, la guerre, le malheur… « Je ne pensais pas que c’était aussi grave » note Lyssandre, impressionné par le témoignage d’une réfugiée du Darfour au Soudan.
Après cette petite projection, les deux groupes évoluent. Les « oui, ils ont le choix » migrent vers les « non, ils n’ont pas le choix ». Braïsson reprend la parole: « Pour moi, ce n’est pas un choix. On ne peut pas rester dans un pays où l’on est pauvre. On ne peut pas rester dans un pays où il y a la guerre ». Jérémy, l’animateur, admet que « la question était ambiguë » et qu’elle pose la problématique « entre le choix de vivre ailleurs ou de mourir dans son pays. »
Deuxième question de la matinée: quitter son pays permet-il d’avoir de meilleures conditions de vie? Trois collégiens sur vingt et un se placent dans le groupe de ceux qui répondent « oui ». Dans le camp des « non », une jeune fille évoque la jungle de Calais: « Ce ne sont pas des meilleures conditions de vie ». Braïsson réplique: « Oui mais au moins, ils sont protégés de la guerre ». Félix rebondit: « Un migrant qui a une maison dans son pays n’en aura pas en arrivant en France ». Nouvels extraits vidéos. Nouveaux témoignages. « Moi, ce qui m’intéresse, c’est la liberté » raconte, ému, un malgache arrivé en France. « Ici (N.D.L.R.: en France) pour réussir quand on est étranger, il faut vraiment travailler dur » ajoute une réfugiée.
A la toute fin de cette séance, Jérémy et Elodie ont demandé aux collégiens d’inscrire sur un post-it un mot ou une phrase pour résumer leur sentiment après ce petit « débat mouvant » d’une heure. On en retiendra quelques-unes: « Il y a la détresse et le malheur. On n’est pas forcément heureux quand on change de pays »… «La vie n’est pas tout le temps belle »… Ou encore: « Les personnes qui vivent bien ne pensent pas aux personnes qui vivent mal ».
Julien et Elodie ont animé ce « débat mouvant » où les élèves du collège Jean-Moulin étaient invités à se positionner dans la salle en fonction de leurs idées.
Bruno Delion