Dans le cadre d’un tour de France festif destiné à mettre en valeur les quartiers populaires, le groupe HK et les Saltimbanks était hier à Saint-Eloi. Décapant.
Agir, se faire entendre, ne pas baisser les bras face à la morosité ambiante et aux discours d’exclusion. Presque un programme politique que le groupe HK et les Saltimbanks, accueilli hier à la maison de quartier Seve, ne renierait pas.
Dans le cadre d’un tour de France festif qui le mène dans dix villes de France intitulé « Les quartiers ne lâchent rien », l’association Afev, réseau d’étudiants solidaires qui lutte contre les inégalités dans les quartiers, avait invité le chanteur Kaddour Hadadi et son groupe, découvert à au printemps de Bourges il y a dix ans.
« Il y a trop de talents gâchés »
L’auteur notamment de la chanson « On lâche rien », devenu « hymne » de nombreuses manifestations de rue n’était pas venu que pour un concert mais pour s’immerger quelques heures dans un quartier qui n’échappe pas toujours aux clichés.
Avant de donner un concert dans la salle conviviale de la maison de quartier, le musicien emblème d’une génération d’artistes engagés s’est mêlé aux habitants du quartier, aux jeunes kapseurs de l’Afev (Kolocations à projets solidaires), à des mères de famille, des ados venus donner la main à la préparation du repas du soir. Oignons, tomates et pommes par kilos sont épluchés dans la bonne humeur, tandis qu’en fond de scène l’artiste et ses techniciens « font les balances ». Kaddour Hadadi dit aimer ces moments de partage où se nouent des communautés de destin. C’est le but de l’opération : montrer ceux qui luttent, qui agissent, qui militent, qui s’accrochent, qui s’engagent.
Et HK ne mâche pas ses mots : « Le chanteur du groupe I am, Akhenaton disait » on nous a fait croire qu’on était des merdes et nous on l’a cru… » Regardez tous ces quartiers, ici ou ailleurs, partout il y a un concentré de talents, trop souvent des talents gâchés. Moi je dis aux jeunes, on va pas se laisser gâcher. Oui on peut être désabusé quand on voit que ce sont toujours les mêmes politiques qui repartent et qui reviennent. J’ai des combats à gauche c’est sûr, mais il y a mille et une choses à faire avec les gens d’ici. Se retrouver, danser ensemble dans un quartier avec toute sa diversité… » Sur un coin de table où trônent encore des monceaux d’épluchures, jeunes et moins jeunes sourient à ce discours. Fiers quelque part d’avoir trouvé une voix qui leur chante à l’oreille, sur un air de rap ou de reggae, allez, ne lâchez rien !
Jean-Michel Gouin